2022
« Retour sur la dimension identificatoire de la musique de transe. Le cas des rituels sabo et rombo chez les Tandroy de Toliara, Madagascar »
Revue Transposition, EHESS, Paris
Cet article propose une redéfinition de la dimension identificatoire de la musique de transe à partir de l’analyse de rituels de possession chez les Tandroy au sud de Madagascar.
La valeur identificatoire de la musique de transe avait été exprimée par Rouget en termes sémantique : la musique serait le signifiant de l’esprit signifié. A partir de la description de situations rituelles tandroy mettant en jeu la pertinence de cette relation sémantique, puis de celle des actions musicales collectivement réalisées pendant ces rituels de possession, l’enjeu de cet article est de montrer l’existence d’un autre niveau de relation sémantique, qui aboutit à un changement de perspective anthropologique, concernant la valeur identificatoire de la musique dans ce contexte rituel.
La démonstration prend en compte l’aspect dynamique de cette pratique de la possession, influencée par la très forte mobilité d’une population qui vit le plus souvent en birésidence entre sa région d’origine et différents lieux de l’île. Depuis les années 1970, les esprits possesseurs chez les Tandroy appartiennent à deux catégories - l’une autochtone, l’autre issue de la migration - auxquelles sont associés des rituels spécifiques dont la musique est le principal élément distinctif.
Mon hypothèse est celle d’un rapport d’opposition complémentaire entre les deux rituels, au sein desquels la relation entre les acteurs, et entre les acteurs et la musique, symboliserait le rapport au territoire expérimenté par les Tandroy. Selon cette perspective, le principe d’identification ne concerne plus seulement le rapport du possédé à l’esprit, mais celui des acteurs rituels à leur identité collective.
Return on the identificatory dimension of trance music.
The case of sabo and rombo rituals among the Tandroy of Toliara, Madagascar.
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This article proposes a redefinition of the identificatory dimension of trance music based on the analysis of possession rituals among the Tandroy in southern Madagascar.
The identificatory value of trance music had been expressed by Rouget in semantic terms: the music would be the signifier of the signified spirit. From the description of Tandroy ritual situations involving the relevance of this semantic relationship, and then from the description of the musical actions collectively performed during these possession rituals, the aim of this article is to show the existence of another level of semantic relationship, which leads to a change of anthropological perspective, concerning the identificatory value of music in this ritual context.
The demonstration takes into account the dynamic aspect of this practice of possession, influenced by the very strong mobility of a population that lives most often in bi-residence between its region of origin and different places on the island. Since the 1970s, the possessing spirits among the Tandroy belong to two categories - one indigenous, the other resulting from migration - to which specific rituals are associated, of which music is the main distinctive element.
In this way, the principle of identification no longer concerns only the relationship between the possessed and the spirit, but also that of the ritual actors to their collective identity.