2021
Cadre et vis-à-vis
Extraits parus dans les revues Arpa, Incertain Regard, Décharge, Verso (2022)
En janvier 2020, une bonne résolution m’a fait me réveiller chaque matin bien avant l’aube dans l’idée de consacrer quelques heures à l’écriture. Cette résolution a été stoppée trois mois plus tard par le premier confinement.
Ces moments que je me suis alloués en luttant parfois contre les appels insistants du sommeil ont donné naissance à une série de textes poétiques nourris de la manière si particulière dont cette heure faite de silence et d’attente laisse surgir des images.
Le silence du matin élargit l’écoute. Il la rend évidente.
Et dans cette écoute, favorisée par l’obscurité qui tapisse implacablement la fenêtre, les mondes intérieurs et extérieurs s’entretiennent, jouant de leur porosité.
L’ambiguïté est fascinante. On ne sait plus si les images viennent à nous ou si dans leur fulgurance elles se frayent un passage, s’échappant de nos rêves pour se faire oublier dans un recoin du jour.
L’état est proche de celui de la « dorveille », et ce qui est sensible, alors, c’est la manière dont le visuel et le sonore se répondent, et ce qu’il faut de corps, aussi, pour retenir ces images alors que les mots tendent à poindre.
Cette expérience a donné lieu à la composition d’un recueil poétique dont l’écriture se fait écho.
Il s’est agi de réveiller le langage, par la désintrication de ces images fondatrices et leur acheminement au seuil du récit - les textes dépliant leurs membres, phrase après phrase, à la manière d’un corps qui s’étire au matin.
Le travail d’écriture a alors consisté à déplacer l’acuité perceptive par le ciselage des textes, visant à « cadrer » ces images déposées sur la feuille en vis-à-vis du regard.
Ainsi le recueil est-il intitulé Cadres et vis-à-vis.