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Madagascar

Les Tandroy, entre pastoralisme et vie urbaine

 Les Tandroy sont une population pastorale originaire de l'Androy, région située à l'extrême sud de Madagascar. 

La région, spécialement sèche et difficilement praticable, a été jugées improductive par l'administration coloniale, et sa population située au plus bas de la politique des races mise en place par Galieni. Ainsi, les Français, renonçant à développer toute infrastructure au niveau local, décidèrent au début des années 1930 d'envoyer les Tandroy aux travaux obligatoires dans différentes régions de l'ile. Les mouvements de cette population se sont depuis lors pérennisés, se transformant en migrations économiques. La mobilité est aujourd'hui un mode de vie pour les Tandroy. Encore souvent analphabètes, ceux-ci occupent majoritairement des niches d'emploi précaires en ville. Dans le contexte multiculturel de Toliara, capitale régionale du sud-ouest malgache, les Tandroy avaient par exemple jusqu'au début des années 2010 le monopole de la conduite des pousse-pousse, et d'autres travaux, tels que celui de gardien ou tenancier de petits commerces, les assignaient à l'espace de la rue.

Néanmoins, le développement de la scolarisation dans le Sud contribue depuis peu à transformer les équilibres sociaux en ville et donne naissance à de nouvelles revendications identitaires de la part des Tandroy. Ainsi, une nouvelle élite prétend aujourd'hui accéder à une réelle représentativité à Toliara, et à transformer, aux yeux des autres populations, l'image de "sauvage" qui leur est encore régulièrement associée depuis l'époque coloniale.

À la vie à la mort

 Chez les Tandroy, le rituel des funérailles occupe une place primordiale. C'est lui, en effet, qui permet au défunt de se transmuer en ancêtre du lignage. 

Les tombeaux constituent de ce fait le principal élément de culture matérielle bâti "en dur", contrastant avec la fragilité des maisons de bois que les Tandroy habitent.  Leur construction, ainsi que la constitution d'un important troupeau de zébus qui sera sacrifié avec ostentation lors des funérailles sous les yeux de l'ensemble du groupe lignager du défunt réuni, requièrent souvent les économies de toute une vie, et les sacrifices réalisés en allant travailler au loin.

Ces tombeaux sont en outre ornés avec la plus grande attention. Ils sont recouverts de fresques rappelant le défunt, les événements marquants de sa vie, les éléments caractérisant ses traits de caractère, ses habitudes, goûts et plaisirs. 

Ces dessins sont aussi plus largement représentatifs du vécu quotidien des Tandroy. C'est ce que montrent les photos présentées ici. 

Pratique de la possession

La possession est une pratique extrêmement répandue à Madagascar. Elle prend cependant un sens différent selon les contextes dans lesquels elle se pratique. 

Chez les Tandroy, sa vocation est essentiellement thérapeutique. Les possédés sont des guérisseurs qui sont consultés pour répondre à diverses questions, touchant notamment à la reproduction physique des individus (problèmes de fertilité, maladies infantiles). En cela, ils occupent au sein des rituels ancestraux tandroy une position de complémentarité vis-à-vis des rituels lignagers du cycle de vie (circoncision, funérailles), qui touchent à la reproduction sociale. 

Néanmoins, dans le contexte actuel, caractérisé par l'éclatement des groupes lignagers et le déclin des rituels du cycle de vie, induits par la mobilité, la pratique de la possession se fait volontiers opérateur de liens sociaux. Le statut du possédé tend alors à être valorisé, en tant qu'il peut se faire garant de l'organicité de son groupe lignager d'appartenance, mise en péril par le phénomène migratoire.

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