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2011

Île

 Note d'intention

Le texte de Île est déjà paru dans une version récit (publié dans le recueil Décors artificiels) avant de prendre une nouvelle forme théâtrale.

 

Participant à un travail plus large concernant la déclinaison/variation de modes d’expressions touchant à une même réalité, Ile a été conçue en parallèle à un travail d’écriture ethnologique « de terrain » , cherchant ainsi à mettre en adéquation parole et environnement, à trouver une « parole juste » pour un « espace juste ».

Tout choix d’écriture est en effet aussi un choix de rapport au monde. Il n’est pas question ici de vouloir parler du monde à tout prix, mais plutôt de le laisser affleurer, passer au filtre de la perception. S’attacher davantage aux petits détails qui se disent qu’à de grandes idées qui veulent dire. L’écriture ethnologique cherche à comprendre la complexité de certaines situations humaines, ancrées dans du local, dans des gestes, des discours, des sons... Le politique est alors pensé comme un agencement de forces et aléas singuliers.

 

Située du côté du sensible et donnant une certaine importance à la description, la pièce conserve cet intérêt pour le singulier, s’ouvrant avec tolérance à des contradictions maintenues en équilibre par leur logique propre.

 

Plutôt que de donner sens, elle tente de donner forme.

 Synopsis

 

D’un côté une île et ses habitants, de l’autre, sur le continent, les membres d’une famille. Deux frères, aussi, chacun sur un versant de l’histoire.

 

Le procès – Un hameau sur une butte à l’extrémité de l’île. Plus loin, l’horizon. Honoré rentre chez lui à la nuit tombante. Il se heurte à Jean-Pierre, l’étranger qui tient une gargote en haut de la butte et a entrepris de construire une route pour désenclaver le lieu. Leurs regards ne se décroiseront pas. Par ailleurs, sur la butte, des voix se font entendre, venues de l’horizon. Les habitants cherchent leur provenance. Seraient-elles liées à l’arrivée de Jean-Pierre? Ou au départ de tous ces enfants, qui entrent dans la mer, happés par le lointain ? L’une de ces voix a effrayé une femme ce matin, qui s’est mise à hurler. Ce fut la voix de trop. Ainsi a-t-on décidé d’ouvrir un procès. Pour cerner le phénomène, lui trouver une raison. A cette occasion, les habitants ont convoqué les pêcheurs, témoins privilégiés qui en savent sûrement plus.

 

Les confidences – Huis clos dans un bistrot de campagne. La famille se rappelle le départ de Jean-Pierre suite aux histoires merveilleuses racontées par son frère, Daniel. Suite à un deuil, également, difficile à assumer. Mais Jean-Pierre de son côté, a sa version des faits. Et si ces commérages n’étaient que le prolongement d’une histoire inventée par ce frère resté sur le continent?

 

L’incendie - Trêve de discours. Le procès s’est clos, sur l’île. Chacun rentre chez soi. Le climat pourtant s’alourdit, des chiens aboient, fuient ou s’enterrent, les souvenirs et peurs remontent à la surface. Le paysage lui-même porte un doute. La terre enfin s’embrase jusqu’à ce que voix et visions prennent corps. Les histoires peuvent alors se rejoindre avant que tout ne disparaisse.

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